À la recherche du facteur X dans le leadership de demain
Dans un monde marqué par des changements exponentiels, une numérisation accélérée et une crise sanitaire hors norme, les connexions humaines constituent une composante de leadership de plus en plus essentielle. De nombreux dirigeants d’entreprise éprouvent cependant des difficultés à établir un lien profond avec leurs collaborateurs et leurs motivations. Jan De Schepper (administrateur exécutif chez BDO Digital) a rédigé un livre sur le sujet avec Paul Van Den Bosch (coach pour athlètes de haut niveau). Ils y expliquent comment faire mieux. Entretien avec Jan De Schepper.
Auteur : Laurien Van Nieuwenhove, Content Officer BDO Marketing & Communication
Photo : Jan De Schepper, Partner BDO Digital, Paul Van Den Bosch, coach pour athlètes de haut niveau
Les dirigeants qui connaissent les motivations intrinsèques de leurs collaborateurs formulent leurs objectifs de manière plus spécifique.
Les dirigeants qui créent des relations épanouies permettent à leurs collaborateurs de se dépasser. Dans « ConneXion – 7 paradoxen voor moderne leiders » (ConneXion – 7 paradoxes pour les leaders modernes), les auteurs partagent leur recette pour y parvenir, à l’aide d’exemples issus du monde des affaires et du sport.
Notre époque se complexifie sans cesse. Progrès technologiques, intelligence artificielle, robotisation, mondialisation, internationalisation et plus récemment, pandémie mondiale de Covid-19 : le monde est sens dessus dessous. Quid des entreprises ? Elles n’ont pas d’autre choix que suivre rapidement (voire plus rapidement que les autres) le rythme. Il ne faut pas que ce soit plus difficile qu’avant. « Ce sont les gens eux-mêmes qui compliquent les choses en essayant de prendre le contrôle de cette complexité », explique Jan De Schepper. « Pensons à toutes sortes de KPI, schémas et matrices avec lesquels la direction d’une entreprise définit sa ligne de conduite. Si un processus compliqué semble intelligent, il reste surtout… complexe. On ne progresse pas de cette manière. Pour progresser, il faut simplifier les choses, impliquer ses collaborateurs et se connecter à eux. Un organigramme ne suffit pas ; il est indispensable de l’accompagner d’un sociogramme qui établit des relations claires entre les gens. »
Les connexions génèrent de la valeur
Ces derniers mois l’ont clairement démontré. En raison du coronavirus, nous nous sommes soudainement retrouvés à la maison. Par peur de l’isolement, notre cerveau humain a recherché la « relatedness » (lisez l’encadré ci-dessous). Connexion et sentiment d’appartenance sont devenus un mécanisme de survie. Cela s’est traduit par une surcharge de conférences téléphoniques et réunions entre collègues. L’esprit d’équipe ne suffit toutefois pas à maintenir la motivation et la productivité de vos collaborateurs. Une équipe n’est forte que si ses membres donnent le meilleur d’eux-mêmes (SURFA, lisez l’encadré ci-dessous). « Chez BDO, cette priorité est même intégrée dans notre credo : ‘Let’s grow. Together’. Sans implication des collaborateurs, le niveau de productivité d’une entreprise diminue. Pas étonnant que certains d’entre eux décrochent peu de temps après. »
Il importe alors de revenir à l’essentiel, sans trop traîner. Jan De Schepper estime en effet que la plupart des entreprises pourraient accélérer légèrement le mouvement : « Les tendances se suivent mais vous ne pouvez bien entendu pas être le premier sur tous les plans. Comprenez la partie immergée de l’iceberg (« sensemaking ») pour anticiper l’avenir avec agilité. Vous fournissez ainsi plus rapidement des solutions à votre client tout en maintenant la qualité. »
La structure en silos qui prédomine dans de nombreuses entreprises ne facilite pas la transition. Si elle peut apporter de la clarté, cette structure complique l’association de compétences précieuses et freine votre action. Une organisation ne se construit pas uniquement en silos ; elle doit aussi se concentrer sur certains points. Jan De Schepper plaide pour davantage de fertilisation croisée. Il a développé à cet effet la formule MISSA (lisez l’encadré ci-dessous), une approche qui ne se limite pas à la simple installation d’outils TIC.
La collaboration est l’essence de l’effort humain ; elle dépasse la somme des parties. C’est au dirigeant « ConneXion » d’établir des liens entre les différentes pratiques commerciales en vue de créer de la valeur. Toutes les connexions ne sont cependant pas aussi précieuses. Jan De Schepper distingue 3 niveaux de connexions. Plus le niveau est élevé, plus votre impact est renforcé et votre gestion facilitée.
« Les tendances se suivent mais vous ne pouvez bien entendu pas être le premier sur tous les plans. »
L’effet gagnant
Il faut atteindre le troisième niveau pour obtenir des résultats capables de créer l’effet gagnant. « Cela génère de la dopamine (une ‘sucrerie’ pour notre cerveau), laquelle booste la motivation. Les gens aiment être récompensés », explique Jan De Schepper. « L’effet gagnant lie aussi les gens. Les dirigeants qui connaissent les motivations intrinsèques de leurs collaborateurs formulent de manière plus spécifique leurs objectifs (qui restent ambitieux mais réalisables). Ils savent mieux qui placer à quel poste pour obtenir les meilleurs résultats. Ils transforment la pression en motivation, parviennent à faire plus avec moins, tirent le meilleur de leurs collaborateurs. Une véritable « force croisée » propice à leur évolution et à celle de votre organisation.
Jan De Schepper clôture l’entretien en établissant le lien avec le sport : « La connexion se fait au plus haut niveau, elle a un réel impact. Celui qui s’impliquait déjà en profondeur dans le tissu connectif de son organisation avant la crise sanitaire rencontre aujourd’hui moins de problèmes. Chaque pandémie finit par s’arrêter, comme un match de foot après 90 minutes. En revanche, il ne faut jamais cesser de s’entraîner, ou d’établir des connexions. »