L’IA : merveilleux ? Productif ? Effrayant ?

Peter Van Laer, CEO de BDO Belgique

L’avènement retentissant de ChatGPT a permis au monde de l’intelligence artificielle de vivre un moment comme il ne s’en était plus produit depuis l’apparition de l’iPhone. « Une nouvelle ère s’ouvre pour l’IA », a titré la presse spécialisée. Le grand public a immédiatement embrayé, augmentant ainsi l’impact de cette avancée technologique. Bien que son nom sonne plus extraterrestre qu’humain, ChatGPT (qui signifie Chat Generative Pre-trained Transformer) parvient pourtant à gérer la conduite de dialogues de manière très humaine. Je l’ai testé et il faut l’avouer, les résultats sont bluffants. Je ne suis pas le seul à l’avoir sollicité : 5 jours seulement après son lancement, ChatGPT avait déjà dépassé le cap du million d’utilisateurs. Pour atteindre une telle performance, Instagram avait dû patienter 10 semaines et Facebook 10 mois.

ChatGPT a-t-il écrit un morceau d’histoire ? Fort probablement. À chaque nouvelle étape franchie par l’IA, les frontières entre l’activité humaine et les actions basées sur les machines s’estompent un peu plus. Rappelez-vous (entre autres) les deepfakes rendus possibles grâce aux avancées réalisées dans le traitement des images. Cela peut paraître effrayant mais il s’agit d’une fenêtre qui s’ouvre sur un avenir inéluctable. L’activité humaine de plus en plus soutenue par des outils numériques (dotés d’IA ou non) n’est plus une utopie.

« L’IA ouvre une fenêtre sur un avenir inéluctable. »

Par l’Homme pour l’Homme

Les critiques ont tendance (souvent avec raison) à se focaliser sur les failles des chatbots. Les gens s’inquiètent de la place de plus en plus dominante que prennent les algorithmes dans notre travail et notre vie de tous les jours, ainsi que de la dépendance – parfois abrutissante – que nous pouvons avoir à leur égard. Nous devons garder notre esprit critique tout en reconnaissant les avantages qu’apportent ces progrès technologiques. Les algorithmes et la technologie sauvent aussi des vies. Inconsciemment, nous leur faisons déjà confiance à travers de nombreuses applications comme les aides à la conduite (antidérapage, ABS, détection de collision, etc.), par exemple. Pourrions-nous nous passer de ces avancées ? Et d’ailleurs, le voudrions-nous ? En tant qu’« optimiste technologique », je reste convaincu que les nouvelles possibilités offertes par l’IA vont très rapidement s’intégrer à nos activités quotidiennes, qu’elles soient professionnelles ou privées. Mais comme toute innovation, celle-ci va devoir faire ses maladies de jeunesse et suscitera des questionnements éthiques auxquels nous devons répondre.

En matière de numérisation des entreprises et de la société, l’IA constitue le nouveau saut quantique tant attendu. Une numérisation intelligente, menée par l’Homme pour l’Homme, qui soutient notre productivité et nous facilite la vie. Une technologie qui offre l’occasion rêvée de briser le fameux paradoxe de la productivité*. Les robots conversationnels tels que ChatGPT peuvent nous être très utiles dans des domaines comme le conseil, l’ingénierie logicielle, le marketing, etc. Ajoutez-y la masse de données accumulée ces dernières années : nous pourrons déplacer des montagnes ! Sans l’IA, le cerveau humain n’a plus la puissance ni la capacité de calcul suffisantes pour gérer la croissance exponentielle des données disponibles. Encore moins de les traiter de manière efficace et rentable. L’intervention humaine reste néanmoins précieuse pour extraire les connaissances pertinentes et utiles à partir des résultats obtenus. C’est ce qui fonde notre ADN en tant qu’organisation, prestataire de services et être humain.