La guerre du bien-être
Peter Van Laer, CEO de BDO Belgique
Sustainability, entrepreneuriat durable : qu’importe la dénomination, le sujet est incontournable. Bien plus qu’une mode passagère, la durabilité s’avère fondamentalement nécessaire – voire essentielle – à la pertinence ainsi qu’au succès à long terme de toute entreprise ou organisation. Aucun alibi ne nous exonère, en tant qu’êtres humains, de l’impact négatif que nous provoquons sur l’environnement ou le climat. Nous n’avons pas le choix : nous devons vivre autrement, entreprendre de manière socialement responsable et durable, et respecter les limites de notre planète.
« Une organisation représente un tissu social déterminant pour la santé mentale du collaborateur. »
Sans négliger un mot-clé : bien-être. Dans un monde du travail en pleine évolution, le bien-être des personnes occupe une place importante. Il est même de plus en plus reconnu comme un moteur capable de déterminer le succès ou l’échec. Le bien-être figure parmi les priorités des candidats à la recherche d’un emploi. Derrière la ligne de front que constitue la guerre des talents fait désormais rage une « guerre du bien-être ». À tel point que les entreprises attrayantes en font une arme de séduction massive, en particulier vis-à-vis des jeunes générations dont la préférence va à des employeurs réellement soucieux du ressenti de leurs collaborateurs. Chez BDO, le bien-être ne se réduit pas à de jolis mots ou de petits gestes ponctuels. C’est une valeur que nous soutenons en tant qu’organisation et que nous appliquons au quotidien, car elle donne du sens à notre travail. Un de nos collaborateurs l’a très bien formulé dans notre second rapport de durabilité : « Pour moi, l’entrepreneuriat durable implique que toute organisation doit se montrer soucieuse du bien-être et de la santé de ses collaborateurs, de la société, de la planète, et agir en ce sens. »
Tissu social
Une organisation, c’est en effet bien plus que « du business qui roule ». C’est un tissu social déterminant pour la santé mentale du collaborateur. Autrement dit, le sens qu’il donne à son travail repose non seulement sur son salaire ou le contenu de sa fonction, mais aussi sur sa relation avec ses collègues et la façon dont il se sent compris, apprécié et épanoui au sein de son environnement professionnel, quel qu’il soit. Les scientifiques ont estimé que chaque être humain a 3 besoins psychologiques fondamentaux : l’autonomie, la valorisation de ses compétences et la cohésion. Lorsque ces besoins sont satisfaits, les collaborateurs sont de facto motivés, ils se sentent bien dans leur peau et sont plus performants.
La crise sanitaire a renforcé l’attention portée au bien-être mental. Une réalité d’autant plus actuelle qu’un nombre croissant d’entreprises évoluent vers un modèle de travail hybride. Dans cette nouvelle façon de travailler, le degré d’autonomie joue un rôle important. Matt Mullenweg, entrepreneur américain fondateur d’Automattic, a développé un modèle à 5 niveaux d’autonomie. Le niveau d’autonomie de base équivaut à une pâle imitation du travail en présentiel. Le niveau d’autonomie ultime correspond au nirvana. Chez BDO, l’objectif est de chercher pour chaque collaborateur la meilleure combinaison entre cohésion (travail en présentiel), équilibre travail-vie privée & mobilité (télétravail) et proximité avec les clients. Tant la culture de l’organisation que l’environnement physique et technologique doivent soutenir le collaborateur dans le moindre des aspects de son travail. Selon Mullenweg, l’objectif est atteint « quand chacun dans l’entreprise a le temps nécessaire pour assurer son bien-être et sa santé mentale, quand les gens font de leur mieux, qu’ils utilisent leur créativité pour tirer le meilleur de leur carrière et qu’ils prennent tout simplement du plaisir. »
Aussi inaccessible que cet objectif puisse paraître à première vue, mon expérience montre que sa poursuite est aussi stimulante que constructive pour le bien-être des collaborateurs et de l’organisation.